Compilation sur les prévisions des banques – Septembre 2019
Comme le Canada est touché par de bonnes et de mauvaises perspectives économiques et que des événements géopolitiques importants pourraient se produire, les prévisions sont extrêmement variées. La preuve : les banques sondées ne s’entendent pas, ce qui dénote l’incertitude des conditions économiques mondiales.
Ce qui va bien : la croissance soutenue à l’échelle nationale propulse le huard malgré les conditions difficiles pour le secteur des marchandises et le protectionnisme commercial
Même si, dans l’ensemble, les perspectives économiques mondiales sont toujours incertaines (Services économiques TD a revu à la baisse ses prévisions mondiales, lesquelles se chiffrent à 2,9 %)[1], la Banque du Canada et les banques sondées s’entendent sur le fait que l’économie canadienne fait preuve de résilience dans toute cette tourmente. Le marché du logement montre des signes d’amélioration dans toutes les provinces, car les taux hypothécaires sont moins élevés et la demande de logements augmente dans l’ensemble. Le marché du travail est toujours aussi dynamique et on voit une tendance à la hausse pour les dépenses de consommation. Le Québec ressort du lot, en affichant des prévisions de croissance de son produit intérieur brut (PIB) réel de l’ordre de 2,5 % en 2019 (alors que le taux de croissance du PIB réel national devrait se chiffrer à 1,8 %).[2] Qui plus est, le Québec présente le taux de chômage le plus bas au pays, à 4,7 % (alors que le taux le plus élevé au pays est de 13,1 % à Terre-Neuve-et-Labrador).[3] Mais malgré ce portrait optimiste, le dollar canadien a tout de même chuté de plus de 1 % par rapport au dollar américain en août, étant donné que le secteur des marchandises continue de ralentir et que la guerre commerciale des États-Unis bat toujours son plein.[4]
Ce qui va mal : des signes de récession continuent de faire leur apparition aux États-Unis
Même s’il n’est pas prouvé hors de tout doute que les États-Unis se dirigent vers une récession, l’économie américaine continue de faire face à l’incertitude. En effet, les négociations commerciales entre les États-Unis et la Chine sont, pour ainsi dire, toujours en cours. Au début de septembre, M. Trump a reporté les tarifs qu’il prévoyait imposer aux marchandises fabriquées en Chine. Le chef des négociations commerciales de la Chine doit rencontrer en personne son homologue américain à Washington le mois prochain. Il n’y a pas que la guerre commerciale qui se poursuit : le secteur manufacturier américain continue également de régresser. En août, l’indice ISM du secteur manufacturier s’est chiffré en deçà de 50 % pour la première fois depuis le recul subi dans le secteur industriel entre 2015 et 2016.[5] Voici d’autres activités révélatrices qui se sont déroulées sur les marchés américains dernièrement : – Barneys New York a déposé une demande de protection en vertu du chapitre 11 de la loi sur les faillites, les obligations de Ford se sont dégradées au point d’être reléguées au niveau des obligations de pacotille par Moody’s, et MoviePass (qui a déjà fait la pluie et le beau temps dans le secteur cinématographique) a officiellement fermé ses portes le 14 septembre. Dix-sept détaillants ont déclaré faillite ou demandé une liquidation aux États-Unis en 2019; et l’année n’est pas encore terminée!
Dans toute cette incertitude économique, les banques sondées ne s’entendent pas sur les prévisions pour le huard. Elles prévoient que la paire de devises s’échangera entre 72,0 ¢ US/CAD (CIBC) et 80,0 ¢ US/CAD (Banque Scotia) d’ici la fin de 2020.
Et rien ne va plus : la possibilité d’un Brexit sans accord est toujours présente et les perspectives économiques pour la zone euro sont loin d’être rassurantes
La croissance se situe toujours en deçà des attentes dans la zone euro, tout particulièrement en Allemagne, qui voit sa production industrielle baisser et dont le marché du travail est aux prises avec de plus en plus de difficultés. Le 12 septembre, la Banque centrale européenne (BCE) a décidé qu’une nouvelle politique monétaire était nécessaire en vue de soutenir l’économie. De plus, la saga du Brexit n’est toujours pas réglée au Royaume-Uni. Le premier ministre Johnson doit chapeauter la sortie de l’Union européenne (UE), qui doit avoir lieu en octobre (à l’Halloween), alors que des membres du Parlement veulent adopter une loi pour reporter la sortie à 2020. Un Brexit sans accord (c.-à-d. que le Royaume-Uni quitterait l’UE immédiatement sans avoir planifié cette séparation) est une possibilité qui pourrait se produire le 31 octobre. Et ce type de sortie aura vraisemblablement des effets négatifs sur le plan politique, économique et financier, et ce, tant pour le Royaume-Uni que l’UE. Toutes ces incertitudes ont jeté de l’ombre sur les prévisions à court terme pour la zone euro. Le huard devrait donc s’apprécier par rapport à l’euro qui, lui, faiblit : les banques sondées prévoient que la paire de devises s’échangera entre 0,62 EUR/CAD et 0,70 EUR/CAD d’ici la fin de 2020.
La Banque du Canada résiste à l’appel des baisses de taux alors que la Fed procède à d’autres baisses
Le 4 septembre, la Banque du Canada a maintenu son taux directeur à 1,75 %, ce qui vient refléter l’impression de résilience de l’économie canadienne exprimée par les banques sondées. Cependant, les banques sondées ont aussi indiqué que les tensions sur le plan politique et commercial qui se font sentir à l’échelle mondiale auraient vraisemblablement un effet sur le Canada. Selon la Banque du Canada, alors que les mesures de stimulation actuelles demeurent pertinentes pour l’instant, la banque continuera de suivre de près l’évolution des conditions internationales en prévision de sa prochaine rencontre en octobre. Par la suite, le 18 septembre, le Comité fédéral de l’Open market (FOMC) a baissé de 25 points de base la fourchette cible des taux des fonds fédéraux, la portant de 1,7 % à 2,0 % aux États-Unis. Dans l’ensemble, l’opinion des banques sondées diverge relativement à la prochaine mesure de la Banque du Canada. Toutefois, de manière générale, elles s’entendent pour dire que la Fed procédera vraisemblablement à une autre baisse de taux d’ici la fin de 2019.
Le rendement des obligations d’État à court terme a augmenté en septembre
Le rendement des obligations d’État à deux ans a connu une hausse marquée depuis le début de septembre, tant au Canada qu’aux États-Unis. Comme le constate Desjardins, même si la situation économique mondiale future est empreinte d’incertitude, l’accalmie des tensions entre les États-Unis et la Chine a rassuré les investisseurs, ce qui s’est traduit par une hausse du rendement des obligations. Dans l’ensemble, les banques sondées s’entendent pour dire que le taux de rendement des obligations d’État à deux ans du Canada et des États-Unis devrait connaître une hausse stable au cours de la période prévisionnelle. Elles s’attendent à ce que le taux de rendement des obligations d’État à deux ans du Canada et des États-Unis s’établisse respectivement entre 1,2 % et 1,6 % et entre 1,5 % et 1,7 % d’ici le premier trimestre de 2020.
Les risques sur le plan commercial continuent de miner le rendement des obligations d’État à moyen terme
En date de la présente publication, le taux de rendement des obligations d’État à 10 ans du Canada et des États-Unis se chiffrait respectivement à 1,4 % et à 1,7 %, ce qui représente une légère amélioration par rapport à la publication du mois précédent. Conformément aux prévisions du mois dernier, le rendement des obligations d’État à 10 ans du Canada et des États-Unis continue de baisser, ce qui reflète les préoccupations persistantes quant à la guerre commerciale et à ses répercussions sur la croissance mondiale. RBC a indiqué que le taux de rendement des obligations à 10 ans du Trésor américain a perdu 52 points de base en août, soit la deuxième baisse mensuelle en importance des 10 dernières années. Les banques sondées s’attendent à ce que le rendement des obligations d’État à 10 ans du Canada et des États-Unis s’établisse respectivement entre 1,3 % et 1,8 % et entre 1,7 % et 1,9 % d’ici le premier trimestre de 2020.
L’aplatissement de la courbe de rendement demeure alors que le rendement des obligations d’État à long terme est toujours limité
Conformément aux observations de notre dernière publication, les conséquences à long terme des bouleversements politiques et l’incertitude persistante quant aux prévisions économiques mondiales se font sentir sur le rendement des obligations d’État à long terme, qui demeure faible en général. Les banques sondées s’attendent à ce que le rendement des obligations d’État à 30 ans du Canada et des États-Unis s’établisse respectivement entre 1,6 % et 1,9 % et entre 2,1 % et 2,4 % d’ici le premier trimestre de 2020. Ces rendements sont à peine plus élevés que ceux des obligations d’État à 2 et à 10 ans, ce qui indique que les investisseurs voient d’un mauvais œil les perspectives économiques à long terme.
[1] Caranci, Beata et Orlando, James. « Dollars and Sense: TD’s Leading Economic Index: It was All yellow », Services économiques TD, 3 septembre 2019, page 1.
[2] Dupuis, François et D’Anjou, Mathieu. « Prévisions économiques et financières – La croissance économique s’affaiblira davantage », Desjardins, 23 septembre 2019, pages 8 et 10.
[3] Ibid, page 10.
[4] Marion, Stéfane et Rangasamy, Krishen. « Devises – Économie et stratégie, Banque Nationale du Canada », septembre 2019, page 3.
[5] Nye, Josh. « Le mensuel des marchés financiers », Services économiques RBC, 11 septembre 2019, page 2.