Fondations familiales et dons efficaces : pourquoi, pour qui et comment?

Philanthropie, fondations privées, dons de bienfaisance ou fiducies résiduaires de bienfaisance… les options sont nombreuses. Pour les familles bien nanties, le fait de redonner à la collectivité est souvent considéré comme un devoir ou une responsabilité, qu’elles ne prennent d’ailleurs pas à la légère.

Les options en matière de philanthropie sont certes nombreuses, mais comment peut-on veiller à ce que leurs contributions aient le plus grand impact possible? Seront-elles durables? La stratégie de dons tient-elle compte des questions d’héritage et de planification successorale? Les causes envers lesquelles un engagement est pris aujourd’hui seront-elles importantes aux yeux des générations de demain?

Mindy Mayman, associée du Bureau familial Richter, nous explique pourquoi, selon elle, les familles devraient envisager la mise sur pied d’une fondation; une fondation qui s’inscrit dans leurs valeurs et les reflète, en plus d’en permettre la transmission à la prochaine génération tout en étant bénéfique pour la collectivité en général. Tout le monde y gagne.

Pourquoi une famille pourrait-elle avoir besoin d’une fondation? Quelle e st la valeur ajoutée?

Mindy Mayman (MM) : Une fondation est habituellement le reflet des valeurs d’une famille, soit celles qu’elle souhaite transmettre de génération en génération. Les familles qui ont bien réussi sur le plan financier ressentent souvent un profond désir de redonner à la collectivité. La mise sur pied d’une fondation familiale est un moyen d’y arriver. Il s’agit également d’une excellente façon d’enseigner les valeurs familiales aux générations futures et de leur transmettre un héritage qui n’est pas axé uniquement sur la création de patrimoine, mais aussi sur le partage de celui-ci. Il s’agit aussi d’un outil idéal pour mobiliser la prochaine génération. Au BFR, nous recommandons souvent que les jeunes adultes, et même les adolescents dans une certaine mesure, participent à la fondation afin de commencer à tirer des enseignements au sujet des placements, de la finance ou de la gestion de l’argent ou du budget. La fondation familiale offre l’un des meilleurs contextes possible pour leur enseigner d’importantes compétences ainsi que le savoir-faire financier. Cela s’explique par le fait que l’argent placé dans la fondation ne leur « appartiendra » jamais; il sera plutôt partagé avec les autres. Par conséquent, la fondation familiale offre une occasion de croissance personnelle sans risquer de faire naître le sentiment, chez les jeunes membres de la famille, que tout leur est dû. La fondation familiale est un excellent outil pour enseigner divers sujets à la prochaine génération, comme la gestion de portefeuille, la génération de revenus, le choix des organismes de bienfaisance à soutenir, le contrôle diligent visant à déterminer si les organismes de bienfaisance ont bonne réputation ainsi que le respect de ses engagements, entre autres.

Un parent avec son enfant dans le salon

À quel moment une famille devrait-elle commencer à envisager d’investir dans la création d’une fondation familiale?

MM : Les familles peuvent mettre la philanthropie en pratique de plusieurs façons. Il est donc important d’établir tout d’abord si la fondation familiale est l’option qui leur convient le mieux et, ensuite, le meilleur moment pour l’établir. En général, une famille peut songer à créer une fondation familiale lorsqu’elle a de l’argent à mettre de côté, mais qu’elle n’a pas d’idée précise en ce qui concerne son attribution à des causes philanthropiques. En pratique, cela se produit souvent lorsqu’un événement génère des liquidités pour la famille, comme la vente d’une partie ou de la totalité de l’entreprise. Il s’agit du moment idéal pour démarrer une fondation : la famille dispose des fonds nécessaires, et cette stratégie est avantageuse d’un point de vue fiscal.

Quelle est la différence entre une fondation familiale et les dons de bienfaisance?

MM : La bienfaisance correspond au fait d’effectuer des dons à divers organismes afin de les aider, sans nécessairement tenir compte des aspects stratégiques associés à la philanthropie. Le fait d’avoir sa propre fondation permet une réflexion stratégique en ce qui a trait à ses activités philanthropiques. À la base, la philanthropie stratégique consiste à déterminer les causes qui sont importantes à nos yeux et la manière dont nous souhaitons les soutenir. Dans quelle lutte votre fondation s’engagera-t-elle? Quelles causes votre fondation appuiera-t-elle?

Lorsque vous mettez sur pied une fondation familiale, vous pouvez déterminer une orientation et une mission claires. Vous pouvez fixer les règles. Devrez-vous aussi donner de votre temps aux organismes que vous appuyez, ou votre engagement devrait-il être de nature strictement financière? Les organismes doivent-ils respecter certains critères pour avoir droit à votre soutien? Ceux que vous appuyez doivent-ils tous avoir un thème ou une cause en commun? L’importance d’établir une fondation familiale se manifeste lorsqu’une personne ou une famille commence à réfléchir de manière stratégique à la philanthropie.

Les familles ont-elles besoin d’une fondation?

MM : Pas nécessairement. Après tout, chaque famille est unique. Au Bureau familial Richter (BFR), nous aidons les familles à évaluer les options afin de déterminer celle qui convient le mieux à leurs besoins et à leurs objectifs philanthropiques. Une autre option à envisager correspond à un fonds à vocation arrêtée par le donateur. Nous pouvons diriger nos clients vers la Fondation du Grand Montréal, la Fondation communautaire juive de Montréal*, la Toronto Foundation ou la Jewish Foundation of Greater Toronto, pour ne nommer que celles-là. Ces organismes ont pour objectif de faciliter la philanthropie. Ils aident les donateurs à établir un fonds, qui est habituellement placé auprès de ces organismes pour contribuer aux causes choisies par les donateurs. Les donateurs peuvent ainsi appuyer les causes ou les organismes de bienfaisance de leur choix, sans avoir à s’occuper de toutes les tâches administratives liées aux dons. Ces organismes peuvent également mettre en contact des donateurs avec des fondations de bienfaisance associées à des causes précises. Ils peuvent ainsi aider des familles qui connaissent la cause qu’elles souhaitent soutenir, par exemple la faim chez les enfants, mais qui ne savent pas quels organismes de bienfaisance elles devraient soutenir ou qui n’ont pas le temps d’effectuer elles-mêmes un contrôle diligent approprié. Ces organismes sont également très intéressants parce qu’ils permettent à la famille de faire un don à toute cause admissible; ils ne sont limités à aucun type de secteur ni aucune affiliation religieuse. Il s’agit d’une bonne solution de rechange si le capital à partager de la famille est encore assez modeste, ou encore d’une étape préalable à la création d’une fondation familiale.

Quels sont les trois éléments les plus importants dont il faut tenir compte lors de la création d’une fondation familiale?

MM : Lors de la mise sur pied d’une fondation familiale, de nombreux aspects doivent être pris en considération. Trois d’entre eux ressortent toutefois du lot :

  • ce que la fondation défend;
  • sa stratégie;
  • la gouvernance sur laquelle elle s’appuie.

Le premier paraît simple, mais il peut s’avérer quelque peu complexe. Que défendra votre fondation familiale? La réponse à cette question correspond à la mission et aux valeurs de votre fondation familiale. Il s’agit du cœur de la fondation, si l’on veut. Le fait de déterminer la mission de la fondation soulève naturellement des questions concernant ses capacités et ses activités. Quelles seront les règles qui définiront votre fondation? Quels types d’organismes appuiera-t-elle? La définition d’une stratégie claire peut vous aider à atteindre vos objectifs philanthropiques.

Un autre aspect dont il faut tenir compte est la gouvernance. Celle-ci peut grandement varier en fonction de la taille de la fondation. Y aura-t-il un conseil d’administration? La famille y siégera-t-elle ou ferez-vous appel à des administrateurs externes? Vous pouvez également envisager d’inviter les plus jeunes membres de la famille à y participer, de manière à ce qu’ils prennent connaissance de la mission de la fondation familiale et des aspects techniques liés à sa gestion. Il faut réfléchir à bon nombre de questions, qui nécessitent une discussion approfondie. Entre autres moyens que nous utilisons pour aider les familles dans le cadre de ce processus, nous leur offrons des conseils détaillés pour orienter ces discussions et les aider à mettre sur pied et à gérer une fondation familiale.

Comment faire participer la prochaine génération à la fondation familiale?

MM : Une fondation familiale offre l’avantage de pouvoir faire participer les jeunes membres de la famille. Lorsqu’ils sont jeunes, on peut leur enseigner la valeur du partage. Le partage est une valeur facile à transmettre en travaillant ensemble, en famille. Lorsque ces membres seront assez vieux pour comprendre les principes de nature financière, il sera possible de les initier à la gestion de portefeuille ou de budget. Il s’agit d’une excellente façon pour eux d’acquérir des compétences en finance. Une fondation familiale est aussi un excellent moyen d’enseigner l’engagement aux générations plus jeunes. L’objectif peut être de les renseigner et de leur transmettre les connaissances requises pour prendre les rênes de l’entreprise, ou encore pour leur inculquer un code de conduite personnel en matière de finance.

Pour mobiliser la prochaine génération, il est important de discuter des causes que les jeunes ont à cœur en vue de définir la stratégie. Si vous avez l’intention que la fondation soit maintenue au-delà de la première génération, les objectifs stratégiques doivent correspondre non seulement à ceux du fondateur, mais également à ceux de la prochaine génération. D’un point de vue statistique, nous savons que les générations plus jeunes ont tendance à privilégier les causes liées à l’environnement et à la durabilité plutôt que les causes plus « traditionnelles », comme la pauvreté ou la faim. Cela ne veut pas dire pour autant que certaines causes sont plus valables que d’autres ou que les plus jeunes ne veulent pas éliminer la faim dans le monde. Il s’agit plutôt de leur donner une voix et de tenir compte de leur point de vue lorsque vient le temps d’agir. Il est notamment possible de faire participer les jeunes au processus décisionnel dès le départ.

Comment se mesure la réussite d’une fondation familiale?

MM : Tout dépend de ses objectifs. Il est facile d’examiner les états financiers et d’en effectuer le suivi afin d’obtenir une mesure exacte de l’efficacité des dons. Cependant, lorsqu’il est question de mesurer la réussite d’une fondation familiale, de plus en plus de familles sont intéressées par une approche plutôt qualitative. L’investissement socialement responsable consiste à trouver des façons d’évaluer non seulement l’aspect pécuniaire des états financiers, mais également la responsabilité sociale des organisations. Cette approche aide à garantir que les dons soient effectués à des organisations responsables ou intègres, qu’il s’agisse d’organismes de bienfaisance ou autre. Les familles peuvent alors choisir les fins auxquelles seront utilisés leurs dons par les différents organismes, de même que demander des indicateurs clés de performance. Au BFR, nous pouvons aider les familles à déterminer quels indicateurs de performance conviendraient le mieux pour mesurer la réussite de leur fondation et l’efficacité de leurs dons.

De quelle manière le Bureau familial Richter aide-t-il les familles à gérer leur fondation?

MM : La mise sur pied et la gestion d’une fondation familiale exigent de nombreuses discussions entre les membres de la famille. Au BFR, nous aidons les familles à établir et à préserver la stratégie philanthropique de leur fondation. Nous aidons également les familles en ce qui concerne la gestion de portefeuille, la durabilité, la gouvernance et les services-conseils en fiscalité afin d’orienter leur processus décisionnel. Nous pouvons aussi mettre nos clients en contact avec les organisations de la collectivité qui les aideront à trouver les organismes de bienfaisance qui leur conviennent, peu importe la cause choisie. Nous accompagnons les familles tout au long de ce processus, puisque nous comprenons l’importance de redonner à la collectivité.

Avez-vous autre chose à ajouter?

MM : Les dons de bienfaisance sont souvent une expression des valeurs fondamentales de la famille. Ils représentent non seulement ce qu’elle est, mais aussi l’héritage qu’elle souhaite laisser. Dans le cadre de notre approche, nous faisons en sorte de couvrir tous les angles, de répondre à toutes les questions et de mettre tous les détails en place. Vous pouvez ainsi concentrer votre attention sur une manière de changer les choses qui vous conviendra, qui conviendra à votre famille et qui représentera votre héritage.

Associée du Bureau familial Richter, Mindy Mayman offre des services-conseils aux familles et aux personnes bien nanties. Elle les aide entre autres à élaborer et à mettre en œuvre des plans visant à atteindre leurs objectifs financiers. En apprenant à connaître les personnes qui se trouvent au cœur de la famille, Mme Mayman est en mesure de les orienter pour quantifier leurs objectifs, régler les problèmes familiaux et déterminer la répartition d’actif et les solutions de placement les plus appropriées. Conseillère financière expérimentée, Mme Mayman offre des conseils pratiques, compréhensibles et pertinents en fonction des objectifs des familles très bien nanties.

 

* Danny Ritter est président de la Fondation communautaire juive de Montréal, et Mindy Mayman est membre du Comité des investissements de la Fondation communautaire juive de Montréal.

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